Photos de Bretagne de la Presqu'Ile Guérandaise, La Turballe par Thierry Weber
2 Avril 2008
Total a livré, hier, sa version sur les causes de la pollution dans l’estuaire de la Loire. La corrosion de la canalisation a provoqué une fissure. Le fioul a coulé cinq heures avant l’alerte.
La fuite. 400 tonnes de fioul se sont déversées en Loire pendant cinq heures avant la coupure des vannes. La fuite de ce fioul soute, du carburant pour navire, a débuté à 11 h, le dimanche16mars. À 16 h, un employé d’un navire a visuellement constaté les dégâts. Cette canalisation est située à 5 m de la Loire. Total estime à « 4 sur une échelle de 5 » le niveau de gravité de cet accident
Pourquoi l’alerte a-t-elle été si tardive ? Cette canalisation ne bénéficie d’aucun système de surveillance permanent. Et la baisse de pression ne sautait pas aux yeux. « Les cuves du navire se remplissaient normalement. La fuite était de trop faible amplitude par rapport au débit de remplissage, de 1 000 m3 par heure, explique le directeur de la raffinerie, Jérôme Dupont. Nous n’avions aucun autre système pour nous en apercevoir. » Toutes les huit heures, un opérateur fait une ronde de contrôle visuel. « Il est passé à 9 h, il n’y avait pas de fuite. »
D’où venait cette eau ? De la fuite d’un tuyau d’eau, situé juste au-dessus de la canalisation de fioul. Total a bien réparé cette fuite d’eau, sans chercher plus loin des conséquences éventuelles. Ce tuyau d’eau n’en était pas à sa première fuite.
Défaut d’entretien de cette canalisation ? Non, selon Total. « Elle était bien entretenue, en bon état, mais nous sommes passés au travers de la fuite », avoue Jérôme Dupont. La canalisation défectueuse date de 1964. « L’âge de la tuyauterie n’est pas en cause. » La raffinerie de Donges bénéficie d’un budget de rénovation de 25 millions d’euros par an. « Peut-être que les choix des priorités ont mal été faits », admet Philippe Doligez, directeur raffinage Europe chez Total.
Y a-t-il eu négligence de Total ? Responsable mais pas coupable, à bien écouter Jérôme Dupont. « On essaie de tendre vers le risque zéro, réagit le directeur de la raffinerie. Mais on ne peut pas résumer cet accident à de la malchance. La fuite pendant cinq heures n’est pas normale. Il n’y a pas eu pour autant négligence, car nos moyens actuels ne permettaient pas de se rendre compte de la fuite plus tôt. » Et de la négligence sur la réparation de la fuite d’eau ? « Il est facile de réécrire l’histoire. »